La loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) a été adoptée par les parlementaires le 15 février. Elle n’était pas encore promulguée que le projet de décret d’application concernant Parcoursup était débattu au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), dans un face à face tendu avec l’administration.

La navette entre les assemblées a conduit à un durcissement du projet de loi. Non seulement la sélection des candidats à l’entrée de l’Université est actée, mais les capacités d’accueil des formations tiendront compte des « perspectives d’insertion professionnelle des formations », à la demande des sénateurs de droite. Pourtant, personne ne peut donner l’évolution du marché du travail au-delà de cinq ans. Or, c’est le délai minimal pour évaluer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Cet ajout n’est là que pour satisfaire ceux pour qui l’Université doit viser essentiellement à une insertion professionnelle rapide.

La loi fait l’objet d’un recours au Conseil constitutionnel, déposé le 23 février par des groupes de gauche de l’Assemblée (France insoumise, Gauche démocrate et républicaine et Nouvelle Gauche). Ce recours est suspensif, le Conseil doit répondre dans le mois. Le recueil des données dans Parcoursup est cadré par un arrêté du 19 janvier, qui permet leur conservation jusqu’au 2 avril 2018. En l’absence de texte réglementaire pour prendre la suite à partir du 3 avril, la procédure tombe à l’eau. On comprend l’urgence dans laquelle travaillent le gouvernement et les services. Au risque d’erreurs.

Parcoursup démissionne les élèves !

Le projet de décret cadrant Parcoursup a reçu un avis négatif du CSE le 5 mars, sans aucune voix de soutien, ce qui est rare. La rupture a porté sur le calendrier et les modalités d’acceptation des propositions par les candidats. Afin que l’algorithme puisse tourner, l’administration démissionnera de l’ensemble de la procédure tout candidat qui n’aurait pas répondu dans les temps, ne serait-ce que sur un vœu. Or si le candidat dispose de sept jours pour répondre lors de la première phase (jusqu’au 1er juillet), ce délai passe à trois puis une seule journée en fin de procédure, lorsque les jeunes ne sont plus dans les lycées et donc parfois dans l’impossibilité de suivre leur dossier en ligne. De plus, ces délais ne sont pas ­suffisants pour permettre au candidat de ­vérifier qu’il pourra matériellement assurer sa présence dans la formation (logement, transports), ou encore financer une année supplémentaire s’il est accepté sous réserve d’un dispositif d’accompagnement de type licence en quatre ans. Suite au CSE, l’administration a annoncé le 6 mars une « clause de sauvegarde » sans en préciser les modalités.

Attendus dissuasifs, capacités d’accueil ­insuffisantes, calendrier au service de l’algorithme : Parcoursup montre son vrai visage, celui du tri social. Tout est fait pour écarter de ­l’enseignement supérieur les élèves socialement les plus fragiles. Le SNES-FSU appelle les personnels à ne pas barrer la route aux élèves et à remplir les fiches avenir le plus positivement possible, notamment en donnant l’appréciation « très satisfaisante » aux éléments du pavé renseigné par les professeurs principaux.

Valérie Sipahimalani


Déclaration de l’interfédérale de l’éducation au CSE du 5 mars 2018 (extraits)

Nous réaffirmons nos exigences :


• La nécessité de travailler tout au long du parcours au lycée à une orientation choisie, construite, accompagnée et évolutive avec les moyens humains et financiers ­nécessaires, requérant notamment le recrutement de psychologues de l’éducation.

• Le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire, garantissant l’accès de tou-te-s les bachelier-e-s sur tout le territoire aux filières post bac et aux établissements de leur choix.

• L’exigence d’ouverture massive de places supplémentaires en premier cycle post-bac et le refus de toute sélection à l’entrée à l’Université.

• Le refus de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications.

Nous demandons que la loi Orientation et réussite des étudiants et le plan étudiants et les textes réglementaires qui l’accompagnent soient retirés, nous demandons une réforme ambitieuse qui garantisse le libre accès de chacun-e au supérieur.

FSU, FNEC-FP-FO, FERC-CGT, Solidaires, les organisations étudiantes et lycéennes Solidaires, UNEF, UNL, SGL et les associations (ASES, SLU)
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